mercredi 06 mai 2020
Actualités

Art Newspaper – Africa 2020

Le Art Newspaper – Édition Française (Numéro 18) a récemment publié dans son dernier numéro mensuel, deux articles mettant en lumière le rôle de l’art au service de la reconnaissance féministe. Ce point plutôt large est étudié au travers de plusieurs territoires du continent africain : le Maroc et l’Afrique de l’Est. La Fabrique de l’Esprit décide à l’occasion de sa participation au festival Africa 2020 de dévoiler ses coups de cœur, ce qui permet à la fois de sensibiliser et questionner l’opinion publique sur la place des femmes dans nos sociétés par le biais de l’art :  « Être artiste et femme au Maroc » par Olivier Rachet et « Les Transgressions formelles de Billie Zangewa » par Anaël Pigeat.

 

Être artiste et femme au Maroc – Olivier Rachet

D’abord exclues, non-représentées ou chosifiées, les artistes marocaines dans le monde de l’art contemporain sont aujourd’hui utilisées comme sujet désirant. Le phénomène d’émergence des mouvances inclusives engage dans certains cas la discrimination positive. Dans son article, Rachet considère que de mettre exclusivement les femmes à l’honneur ne permet pas d’avancer dans une lignée égalitaire mais converge davantage vers une manipulation des inégalités sociales et sexuelles : « Le musée Mohammed VI d’Art moderne et contemporain avait, sous le titre « Voyage aux sources de l’art » regroupé trois artistes femmes – Chaïbia Talal, Fatima Hassan et Radia Bent Lhoucine – en raison de leur soi-disant appartenance à un art qualifié de naïf, car autodidacte ; ce qui soulèvera l’ire du milieu artistique » . Rachet parle alors de la part féminine comme « part maudite », une partie sacrifiée des échanges. La femme artiste est ainsi généralisée et dépourvue de singularité artistique: « De fait face aux enjeux d’une société marocaine tiraillée entre conservation et aspiration à plus d’émancipation ». C’est alors que des artistes comme l’artiste pluridisciplinaire Amina Benbouchta, la vidéaste Ymane Fakhir ou encore la plasticienne Safâa Erruas développent au travers de leur œuvre conceptuelle et métaphorique, une sensibilité aigüe qui permet d’aborder et de questionner les enjeux tels que l’avortement clandestin et les inégalités sociales auxquelles les femmes sont confrontées encore aujourd’hui au Maroc.

 

Les Transgressions formelles de Billie Zangewa – Éditorialiste du mensuel The Art Newspaper Édition Française Anaël Pigeat

 

L’artiste Billie Zangewa originaire de Malawi réside depuis plus de vingt ans dans la capitale de l’Afrique du Sud. Spécialisée dans la création textile, l’artiste explore les thèmes universels en se basant sur les scènes de la vie quotidienne. Actuellement exposée à la prestigieuse Galerie Templon à Paris, l’artiste dépeint dans une série intitulée Soldier of Love, les scènes de la vie domestique ou comme elle préfère l’appeler, le féminisme au quotidien. Ainsi, les œuvres démontrent une dualité entre fragilité dans l’apparence déstructurée des tissus et force sans précédent dans la position centralisée de la protagoniste.

Soldier of Love, 2020
SOIE BRODÉE
110 X 135 CM
43 1/4 X 53 1/8 IN
© Galerie Templon
___
Ces scènes permettent d’explorer l’engagement politique en illustrant la vie personnelle de l’artiste. L’artiste elle-même sujet de ses œuvres, elle soulève au travers de ces moments d’intimité des questionnements sur la place de la femme noire dans nos sociétés. Son intimité permet de subvertir à travers une simplicité intrigante, le régime patriarcal instauré en aboutissant à l’ultime acte de résistance : l’amour-propre.

Return to innocence, 2020
SOIE BRODÉE
110 X 49 CM
43 1/4 X 19 1/4 IN
© Galerie Templon

 

Visuel couverture: In my solitude, 2018, SOIE BRODÉE, 111 X 150 cm, 43 3/4 X 59 IN © Galerie Templon