mercredi 18 mars 2020
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Le marché de l’art au temps du Coronavirus 

Le printemps est la saison durant laquelle le marché de l’art foisonne et toutes les maisons de ventes aux enchères, salons, foires et galeries se donnent rendez-vous. De l’année 2020, il restera un gout amer pour les acteurs du marché de l’art. Le marché de l’art mondial pèse à ce jour 64,1Md$. Au-delà du marché international, c’est également les musées, fondations et autres lieux culturels qui ferment pour une période indéterminée.

Au lendemain de l’Armory Show, qui s’en est sortie et a fermé ses portes avant les réglementations, toutes les foires et salons à venir sont annulés ou reportés. Les annonces filent les unes après les autres. Art Basel Hong Kong, qui devait démarrer le 19 mars est annulée. Le bon sens prime pour ne pas risquer une mise en quarantaines d’équipes susceptibles de rester bloquer sur place, tant pis pour les comptes. Une situation délicate, qui met en péril de nombreuses structures dont les finances dépendent de ces foires. 

Une annonce similaire à un séisme dans le monde de l’art. Art Dubai s’annule, puis World Art Tokyo 2020, une des plus anciennes foires du Japon, à 10 jours seulement avant son ouverture. 

Mais aussi la 33ème TEFAF de Maastricht a quant à elle été contrainte de fermer ses portes 4 jours avant sa fin officielle en raison d’exposants contaminés par le virus.

Mais dans ce lot d’événements orchestrés chaque année, ce sont les galeries et directement les artistes qui majoritairement souffrent de cette situation, les plus fragiles d’abord.

Des restrictions progressives… vers la fermeture totale

En France, l’annonce du 15 mars du premier ministre Edouard Philippe fait tomber les rideaux. Toutes les structures non prioritaires pour la vie des concitoyens ferment leurs portes, jusqu’à nouvel ordre, dont toutes les structures culturelles et patrimoniales.  

Vers une dématérialisation intégrale ? 

Seules les maisons de vente proposent à l’heure actuelle des ventes en ligne. Ces ventes en lignes représentent un pourcentage minime par rapport aux ventes en salle, mais pourraient se développer dans ce contexte si particulier. 

En 2019, lors des vagues de manifestations des gilets jaunes chaque samedi en France, les galeries enregistraient une baisse de 30% tandis que les maisons de vente qui opéraient en ligne ont bénéficié d’une hausse de 7% des ventes (ie Georges Philippe Valois pour Le Monde du 16 mars 2020).

Faut-il s’attendre à de plus amples bouleversements dans le fonctionnement du monde de l’art ? Certainement. 

Les institutions redoublent d’imagination pour rester en lien avec leurs publics. Les réseaux sociaux permettent un large spectre de possibilités. Les expositions virtuelles se multiplient, tandis que les collections permanentes des musées sont de plus en plus disponibles en ligne. 

L’ouverture des portes virtuelles d’Art Basel Hong Kong, les immersions et autres expositions virtuelles pourraient redorer l’image d’internet par l’utilité révélée de la toile, devenue indispensable pour animer le marché, seul élément connu du nouveau monde qui se dessine. Le monde réel subit une transformation brutale qui se modère sur le plan digital. 

Internet et les réseaux sociaux pourraient bénéficier d’une meilleure image par un usage responsable et indispensable. Les musées et structures culturelles doivent se réinventer pour rester des lieux de rencontres et de partages singuliers.

Les hommes de l’art et les métiers de l’ombre 

Dans la gestion quotidienne des collections et la logistique des expositions, ce sont les régisseurs, installateurs, transporteurs, restaurateurs, scénographes, muséographes, parfois indépendants, qui se retrouvent désormais sans emplois ou avec une très forte baisse d’activité, le virtuel suspend le réel, l’oeuvre physiquement ne se déplace plus. 

Mais également, en complément des acteurs de l’ingénierie culturelle, les médiateurs culturels, le personnel d’accueil et de sécurité, etc. se retrouvent au chômage partiel dès à présent.

Le marché de l’art est incertain mais celui de la création déjà affaibli se meurt par l’oubli de l’être créateur, cet artiste qui pourtant témoigne de notre passage par ses oeuvres. Hâte de vivre le temps d’après pour combattre l’oubli, soutenir toujours la création contemporaine qui se nourrit de nos vies, de l’Histoire et de l’art. Nous ne savons pas ce que sera demain mais nous saurons reconnaitre, plus encore, nos forces et nos atouts pour reconstruire. 

 

Le jour d’après : doit-on s’attendre à un retour en force des publics ? Vers un boom des musées ?

À suivre : Revue de presse sur le marché de l’art

 

 

Visuel : Clemens Krauss, Chromosomes, 2007, pièce unique, huile sur toile, 140 x 190 x 6 cm © collection Francès

Sources : 

https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/02/07/coronavirus-la-foire-d-art-basel-a-hongkong-est-annulee_6028769_3234.html 

https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/16/coronavirus-le-marche-de-l-art-prend-le-pli-du-numerique_6033273_3244.html

https://fr.artprice.com/artmarketinsight/annulation-dart-fair-tokyo-et-marche-nippon

https://www.gazette-drouot.com/article/l-observatoire-%253A-face-au-covid-19-art-%253A-1-luxe%25C2%25A0%253A-0/13824

https://www.lequotidiendelart.com/articles/17325-coronavirus-annulations-reports-et-fermetures-en-série.html

https://www.lequotidiendelart.com/articles/17323-coronavirus-la-tefaf-ferme-à-j-4.html