dimanche 15 novembre 2020
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Participer à une exposition : La diffusion physique et numérique d’une collection

Le prêt d’une œuvre est pour la collection un moyen de montrer ses pièces mais aussi de créer une relation de confiance avec les institutions. Il s’agit en effet de laisser une autre équipe s’occuper de la manipulation, de la conservation et de la sécurité d’une œuvre pendant un temps donné. Le prêt peut alors comporter un risque pour l’œuvre mais il permet également de donner une visibilité à une collection.

Il est donc important de considérer et d’étudier précisément chaque demande de prêt. Il s’agit en effet de répondre à plusieurs question : A qui prêter ? Quelles œuvres prêter ? Sur quel territoire ?

L’œuvre par sa circulation est créatrice de liens forts qui engage les deux parties. Pour une collection donc, il s’agit de se créer une identité par ses choix de prêts.

 

Comment se déroule un prêt ?

Concrètement, un prêt engendre beaucoup de préparation qu’il est important de considérer lorsqu’on fait circuler une œuvre. Tout d’abord, l’emprunteur doit émettre le souhait de se voir prêter une œuvre par une collection. Il doit alors décrire son projet d’exposition en désignant l’oeuvre qu’il souhaite emprunter, la durée du prêt, le propos scientifique et les partenaires engagés (notamment si l’exposition se déroule dans les locaux d’une autre institution que celle qui emprunte l’œuvre).

Suite à cela, une discussion s’engage alors entre différents acteurs. Le responsable de la collection prêteuse étudie la demande et juge de la pertinence du prêt pour sa collection mais aussi pour le projet d’exposition. Le régisseur détermine quant à lui la faisabilité du prêt en fonction des contraintes techniques de l’œuvre, de son état et de sa disponibilité.
Suite à cela, si le prêt est validé, un accord de principe peut être transmis à l’emprunteur en même temps que les recommandations du régisseur prêteur pour le transport, la conservation et l’accrochage de l’œuvre en question.

L’emprunteur détermine alors s’il peut répondre à ces contraintes notamment en fonction des moyens techniques, humains et budgétaires dont il dispose pour son exposition. Une fois ces éléments vérifiés, il peut confirmer le prêt et préparer concrètement le prêt en contactant un transporteur si besoin et surtout en établissant un contrat d’assurance « clou à clou » (c’est-à-dire qui couvre l’œuvre de son départ de la collection à son retour). La collection prêteuse – ou l’emprunteur – prépare alors un contrat pour formaliser les conditions du prêt. L’opération peut alors se dérouler avec un suivi par l’établissement de constats d’état à différentes étapes du mouvement de l’œuvre.

Il s’agit donc de longues procédures qui demandent à chacune des parties un temps de préparation certain. La durée de ces étapes peut varier en fonction de la complexité du prêt (contraintes techniques de l’œuvre, prêt à l’étranger qui engage des formalités douanières, intermédiaires supplémentaires,…). La relation entre les deux institutions joue également beaucoup. Si cela est possible, nous conseillerons donc ici de rencontrer directement les personnes engagées dans le projet. Cela permet de créer un lien plus fort entre deux institutions et établi une confiance nécessaire pour des prêts importants notamment en terme de nombre ou de valeur des œuvres concernées.
Un prêt est donc un enjeux pour les deux parties. Pour une collection privée, il permet de créer ou de maintenir une relation de qualité avec un autre acteur du secteur culturel. Nous ne pouvons donc ici qu’encourager les collections à prêter lorsque cela est possible. Il ne peut être que bénéfique, notamment pour une entreprise, de participer activement au dynamisme culturel d’un territoire grâce à la circulation des œuvres de sa collection.

 

Comment faire sans expositions ?

Le prêt est donc un outil essentiel pour une collection d’exister dans la vie artistique et culturelle. Malheureusement, le contexte sanitaire actuel pousse les institutions à fermer ou annuler les expositions en cours ou à venir. Pour les collections, cela entraîne moins de prêts et de visibilité pour ses œuvres. Il est donc essentiel pour elles de penser de nouvelles manières de diffuser leur collection et de garantir des partenariats malgré l’annulation des expositions.

Des réflexions peuvent alors mener à penser l’œuvre d’art et sa visibilité par le numérique. Les expositions virtuelles peuvent être un outil pour générer des contenus utilisant pour ressource des visuels d’œuvres sur différentes plateformes. Pour ces expositions, prêter une œuvres reviendrait alors à donner l’autorisation d’exploiter un visuel. Ces expositions en lignes seraient alors un corpus d’images sur une thématiques donné par un « commissaire » d’expositions virtuelles. Nous pouvons également pensé à la représentation 3D d’un espace où seraient situées ces œuvres. Cela permettrait d’imaginer, en plus de ce corpus, un parcours à visiter pour la personne qui se connecte. A défaut de pouvoir déplacer une œuvre donc, il s’agit pour une collection de participer à la création de contenus artistiques qui lui garantissent une actualité et témoignent de son dynamisme.

Par extension de cette numérisation des expositions, cela permet de penser à une échelle différente par ce genre de « prêts virtuels ». Sans déplacement d’œuvres, la collection peut se diffuser sur un territoire illimité pour toucher des partenaires plus éloignés et ainsi créer de nouvelles ouvertures pour des projets plus ambitieux en terme d’échanges.

Ce contexte sanitaire entraîne donc un nouveau défi qui, s’il est questionné et exploité, peut finalement représenter une opportunité pour les collections qui souhaitent élargir leur réseau et trouver de nouvelles manières de valoriser leurs œuvres.

 

Visuel : Leta Peer, Mirrors Index No 1, 2007, Lifochrome sur Dibond sur Artsec, 125 x 178 cm, Ed. 2/10 + 2AP. © Collection Francès